Yannick a cru, de longues années, aux promesses les plus folles de son agent espagnol, qui lui prédisait une carrière sur les plus belles pelouses européennes. En 2006, l'agent le "recrute" à Yaoundé, sa ville natale, pour l'emmener dans son pays. Il a seulement 13 ans. "Et l'agent a demandé à mes parents de payer le billet", raconte Yannick, le troisième d'une famille modeste de neuf enfants. La famille s'endette et paie.Pendant trois ans, il est ballotté de club en club, faisant aussi des essais en Angleterre. Sans toucher un centime. En décembre 2009, son dernier club, Almeria, lui demande de partir : à 16 ans, Yannick ne peut prétendre à un contrat professionnel car ses parents ne vivent pas en Europe, comme l'exige le règlement de la Fédération internationale de football (FIFA).
Quelques jours plus tard, le voilà à Paris, sur un quai gelé de la gare d'Austerlitz. Il rencontre Jean-Claude Mbouvim, le président de Foot solidaire, une association qui souhaite lutter contre le trafic des joueurs africains. Il aidera le jeune gar?on les premiers jours avant qu'il ne soit totalement pris en charge par l'aide sociale à l'enfance. Mais son calvaire n'est pas fini.A cette époque, l'histoire de cet ado - que Le Monde avait relatée dans son édition du 22 décembre 2009 - interpelle le milieu du foot fran?ais. Vincent Labrune, alors président du conseil de surveillance de l'Olympique de Marseille, lui propose de faire un essai à l'OM. Son potentiel peut l'intéresser : Yannick a été l'attaquant des Lions indomptables des moins de 17 ans au Cameroun.Lisandro fait une déclaration d'amour à Lyon.
Il tape dans l'oeil de José Anigo, le directeur sportif, mais il est "difficile de juger un footballeur qui joue sur une jambe", avait estimé celui-ci. Yannick découvre qu'il est touché au genou gauche. Les médecins de l'OM lui font passer une échographie et découvrent une microdéchirure. Cette légère blessure va le handicaper un très long moment.Aujourd'hui, le gar?on n'est plus en situation irrégulière et possède une carte de séjour d'un an renouvelable. Il a un studio à Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne) et passe une formation de cariste et chauffeur-livreur. "C'est en attendant que j'aille mieux", explique-t-il. Il a rencontré des spécialistes du genou, mais personne n'a su le guérir. Un médecin lui a même proposé, cet été, de l'opérer gracieusement. Mais, le jour de l'intervention, Yannick ne s'est pas présenté.
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